Wakai Sakka
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 "La catin" de Iny Lorentz

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Mancinia

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MessageSujet: "La catin" de Iny Lorentz   "La catin" de Iny Lorentz Icon_minitimeSam 14 Juin - 14:57

Nom du livre : La catin

Nom de l’auteur : Iny Lorentz

Iny Lorentz est née à Cologne et travaille comme programmeuse en informatique pour une compagnie d 'assurances de Munich. Elle a commencé à publier des nouvelles au début des années 1980, mais c'est son premier roman, La Castrate, qui l'a fait connaître. Depuis une dizaine d'années, ses ouvrages figurent régulièrement sur les listes des meilleures ventes en Allemagne.

Genre : Romance historique

Livre :
735 pages, mais cela dépend de l'édition, le mien fait 650 pages.
Couverture cartonnée.

Résumé : Constance, 1410. La belle et pure Marie est promise à Ruppertus, riche avocat peu scrupuleux, en échange d'une dot conséquente. Mais à quelques jours du mariage, son avenir s'effondre : victime d'un horrible complot, elle est accusée de dévergondage et jetée en prison. Alors qu'elle attend dans sa cellule d'être innocentée par un examen, trois brutes la violent sauvagement. Inculpée du péché de chair, Marie est torturée et bannie de la ville pendant que Ruppertus s'approprie tous ses biens. Blessée, répudiée, elle est recueillie et soignée par des femmes de petite vertu. N'ayant plus rien à perdre, Marie est désormais prête à tout pour survivre...Et n'a plus qu'un objectif : se venger.

Les couvertures du dit livre :

"La catin" de Iny Lorentz 51025310

Votre avis personnel :

Ensorcelant ! Marie est une héroïne inoubliable usant de ses charmes pour assouvir ses désirs de vengeance. C'est avec beaucoup de plaisir que je l'ai lu ! Aucun mal à s'indentifier à cette jeune fille qui est pleine de ressources et grâce à une amitié sincère, elle s'en sort, pourtant choisi un peu par hasard, mais sans regret. Excellent moment de lecture, car j'ai été transportée dès le début et je l'ai lu trop vite (trois jours), je me suis empressée de le relire plus tranquillement pour certains détails de cette époque. Vraiment passionnant ! La lecture est fluide, agréable. Je le conseille à chacun d'entre vous !

Extrait :

Marie, qui avait mauvaise conscience, se faufila dans la cuisine et essaya de se remettre au travail le plus discrètement possible. Cependant, Wina, l'intendante, avait remarqué son absence. La petite femme trapue à la mine probe mais sévère et aux couettes déjà grisonnantes lui fit signe d'approcher avec un air de reproche. Une fois Marie devant elle, elle lui posa une main sur l'épaule et poussa un profond soupir. La femme de Maître Matthis étant morte en couches, elle s'était efforcée de tenir lieu de mère à l'orpheline. Il n'avait pas toujours été facile de trouver le juste milieu entre l'indulgence et la sévérité, mais jusqu'à présent elle n'avait pas eu à se plaindre. L'enfant curieuse et souvent téméraire était devenue une pucelle obéissante et pieuse dont le père pouvait être fier. Néanmoins, depuis le jour où elle avait appris qu'on allait la marier, la jeune fille était comme métamorphosée. Au lieu de chantonner et de sautiller gaiement à travers la maison, elle accomplissait son travail la mine renfrognée et faisait penser à un poulain auquel on met des rênes pour la première fois. Une autre se serait réjouie d'apprendre qu'un homme de bonne famille la demandait en mariage. Marie, elle, avait été bouleversée, comme si elle craignait de franchir le pas le plus important dans la vie d'une femme. Pourtant, elle n'aurait pas pu mieux tomber. Son prétendant était Maître Ruppertus Splendidus, fils d'un comte suzerain et d'une serve. Malgré son jeune âge, c'était déjà un avocat réputé qui avait devant lui un brillant avenir. Wina supposait que ce grand seigneur avait jeté son dévolu sur Marie parce qu'il lui fallait une femme assez énergique pour gérer une grande maison et de nombreux domestiques - une idée qui la remplissait de fierté car c'était elle qui avait appris à Marie à faire preuve d'initiative et à ne pas rechigner à l'ouvrage. Cette pensée la ramena à la réalité. Les préparatifs de noces étaient loin d'être achevés et la nuit tombait déjà. Elle se pressa de donner à Marie un récipient rempli de pâte.
- Tiens ! Pétris - moi ça ! Et je ne veux pas voir un grumeau. Tu peux me dire où tu étais ?
- Dans la cour. Je voulais juste prendre l'air.
Marie baissa la tête pour éviter que Wina ne voie son expression boudeuse. La vieille femme ne lui en aurait fait que plus de reproches et lui aurait tenu un discours sur les devoirs conjugaux, farci d'allusions troublantes. L'adolescente n'arrivait pas à lui faire comprendre qu'elle avait peur de la tournure inattendue qu'avait prise son existence. Fille unique, elle venait tout juste de fêter ses dix-sept ans et, de ce fait, n'était pas prête pour le mariage. Or, voilà que dans quelques jours elle serait livrée à l'autorité d'un homme pour lequel elle n'éprouvait pas le moindre sentiment. Pour autant qu'elle se souvienne, Ruppertus Splendidus était de taille moyenne, et maigre comme beaucoup de jeunes gens de sa connaissance. Son visage était trop anguleux pour être joli, mais il n'était pas désagréable. En revanche, ses yeux semblaient transpercer tout ce qu'ils voyaient. La seule fois qu'elle l'avait rencontré, elle avait été prise de frissons à la vue de son regard et au contact de sa main froide et presque sans vie. Toutefois, elle n'arrivait pas à faire comprendre à Wina et à son père pourquoi elle se sentait mal à l'idée d'épouser le fils du comte Von Keilburg. Comme l'intendante semblait toujours disposée à lui faire un sermon sur les bons usages, Marie tenta de changer de sujet.
- Les ballots de drap flamand que les rouliers ont remontés du port aujourd'hui sont encore dans la cour, et on dirait bien qu'il va pleuvoir.
- Quoi ? Ce n'est pas possible ! Il faut mettre la marchandise à l'abri au plus vite. Malheureusement, tous les charretiers sont à l'auberge en train de faire la fête en l'honneur de ton mariage. J'aurais beau rouspéter ou les supplier, je ne risque pas de les en faire sortir. Je vais voir si j'arrive à trouver un de nos valets et à le convaincre de mettre au moins une bâche. Vous n'avez qu'à continuer sans moi pendant ce temps - là.
Cette dernière phrase ne s'adressait pas seulement à Marie, mais aussi à Elsa et Anne, les deux servantes absorbées dans les préparatifs de la noce. En comparant son destin à celui des deux sœurs, la future mariée devait reconnaître qu'elle avait de la chance de passer pour un bon parti. En même temps, elle était inquiète : comment pourrait - elle jamais être heureuse avec un homme aussi expérimenté que Ruppertus Splendidus, un homme qui frayait avec les conseillers et les princes de l'Église et qui l'épousait pour sa dot ? Elle essaya de s'imaginer jour après jour auprès d'un mari qui ne lui offrirait que peu d'affection et pour lequel elle n'éprouverait elle - même pas grand - chose. Wina et le curé lui avaient assuré que les sentiments venaient après le mariage et qu'elle devait par conséquent s'efforcer d'être une bonne épouse. Cependant, elle en doutait, même si elle ignorait ce qu'était l'amour. Le seul garçon pour lequel elle avait quelque sympathie était Michel, un camarade de jeu qu'elle connaissait depuis l'enfance. Mais il était hors de question de l'épouser, car cinquième fils d'un aubergiste, il était pauvre comme job.
Et pourtant, il y avait à Constance bien d'autres jeunes gens, qu'elle côtoyait soit à la messe dominicale soit au marché. Elle se demandait pourquoi son père ne l'avait pas mariée à l'un d'eux, au fils d'un voisin ou d'un associé par exemple, comme c'était la coutume dans les grandes familles de la ville. Pourquoi préférait-il la donner à un étranger qui ne lui avait pas adressé une seule parole aimable ? Elle se reprochait sa pusillanimité. La plupart des jeunes filles se voyaient unies à des hommes qu'elles connaissaient à peine et n'en étaient pas moins des fiancées et des épouses heureuses. Son père ne voulait que son bonheur. Il savait, bien sûr, si l'avocat était ou non un bon choix pour elle. Pourtant, il aurait quand même pu lui demander son avis. Elle enfonça la cuillère dans la jatte en soufflant et battit la pâte comme s'il s'agissait de son pire ennemi.
Peu après, un jeune homme qui vacillait sous le poids d'un gros tonneau entra dans la cuisine. C'était Michel Adler, le fils de l'aubergiste Guntram qui tenait la brasserie dans la rue du Chat. Il posa le tonneau sur la table et reprit haleine avec soulagement.
- Bonsoir ! J'apporte la bière du mariage.
Elsa émit un petit grognement, comme un chaton.
- Ça ne pouvait pas attendre jusqu'à demain matin ? Maintenant, c'est Anne et moi qui allons devoir porter ce fût à la cave.
Sa soeur adressa au jeune homme un sourire qui aurait pu, croyait - elle, faire fondre la glace.
- Michel n'est quand même pas un malotru qui laisse de faibles jeunes filles soulever un tel fardeau. N'est - ce pas, Michel ? Tu veux bien descendre le tonneau ?
L'intéressé croisa les bras sur la poitrine et secoua la tête dans un geste de refus.
- Ce n'est pas mon rôle. On m'a seulement dit de le livrer.
- Qu'est-ce qui te prend ? D'habitude, tu es si serviable. Tu veux imiter tes imbéciles de frères ?
Anne jeta un regard furieux au fils de l'aubergiste et ordonna à sa soeur de l'aider. Les deux servantes soulevèrent le tonneau et descendirent l'étroit escalier qui menait à la cave à provisions avec force soupirs et gémissements. Marie entendit la trappe se rabattre derrière elle, puis se retrouva seule avec Michel.
- Tu l'aimes ?
La question de son ancien camarade de jeu était si inattendue qu'elle ne comprit pas tout de suite. Elle le regarda stupéfaite. Malgré son hâle, il paraissait blême. Et il grinçait si fort des dents que les muscles de ses mâchoires ressortaient comme des noeuds sous la peau.
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