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| Roman de Kstor : 3011 | |
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Invité Invité
| Sujet: Roman de Kstor : 3011 Lun 23 Juil - 0:07 | |
| Bon bah ça alors vous allez me dire... moi aussi j'écris un roman Ca fait à peut près 8 mois qu'il me turlupine la matière grise donc j'i commencé à écrire pendant les vacs' maintenant que j'ai du temps. C'est genre SF Futuriste, mais je peux pas trop raconter l'histoire sinon ça va gacher. Je détaillerais peut être plus tard... Je poste le premier chapitre et je compte sur vous pour me dire ce que vous en pensez. Soyez méchant, et corrigez les fautes, il doit en rester Marci - Citation :
VIREE NOCTURNE
Deux billes scintillantes derrière les carreaux. Ils étaient loin de se douter qu’ils seraient observés. Impossible d’ailleurs que quiconque puisse les espionner ici, la porte soigneusement verrouillée à double tour. Pourtant, la paire d’yeux étincelante semblait porter un intérêt tout particulier à leurs activités. Perchée à trois mètres du sol, elle suivait avec assiduité leurs moindres faits et gestes. Ce qui se préparait entre ses quatre murs avait en effet de quoi attirer l’attention à bien des égards. Tel ne fut pourtant pas l’avis de Supernova, qui se laissa finalement distraire par le reflet du balancement de sa queue. Lassé par tant d’agitation, l’animal jugea préférable de terminer la soirée au coin du feu et daigna s’extirper du rebord de la fenêtre. Il regagna les branches du chêne, glissa le long du tronc, le pelage luisant sous la lumière de la nuit, puis s’étira longuement avant de se perdre dans l’obscurité, emportant avec lui ce qu’il avait vu. La lumière du clair de lune s’estompa progressivement. Bientôt, la pièce fut plongée dans les pâles lueurs que laissait transparaître le voile nuageux. Quelques affaires jetées à la volée dans un sac et les derniers préparatifs furent achevés. La grosse horloge du salon sonna vingt-trois heures lorsque trois ombres furtives glissèrent dans l’escalier. Quelques secondes plus tard, la porte se refermait sur les silhouettes en un cliquetis imperceptible. La lune était à présent totalement masquée, si bien que le perron semblait figé dans une obscurité quasi totale. Après quelques instants d’accoutumance, la rue se dessina sous leurs yeux, déserte, presque macabre. Des maisons fondues dans un décor terne d’entremêlement de branches nues. Seule la rangée de boîtes aux lettres qui sortait du bitume et les quelques voitures stationnées dans les allées témoignaient d’un éventuel signe de vie. Les trois individus remontèrent l’allée de la maison et s’engouffrèrent dans la rue, le bruit du vent et le tourbillonnement des feuilles mortes sifflant à leurs oreilles. La nuit s’annonçait glaciale. A quelques pas, le square se vidait peu à peu des derniers enfants qui se hâtaient de rentrer chez eux en agitant leurs sacs remplis de friandises, et ce fut bientôt tout Bridgewood qui s’abandonna à la nuit. Les trois adolescents traversèrent le parc, accélérant le pas. Ils longèrent la vieille église, chahutée par quelques corbeaux, et tournèrent à l’angle en direction de l’ancien cimetière qui bordait la ville. La cime des arbres agitée par les bourrasques se détachait du ciel brumeux, et les premières gouttes ne tardèrent pas à faire leur apparition. Se faufilant par une brèche dans le mur, ils se glissèrent parmi les tombes, et se frayèrent un chemin dans les hautes herbes en écartant les ronces. - Venez, suivez moi, c’est au fond du cimetière. Dépêchons-nous on va être en retard. - En retard à quoi ? Carly, s’arrêta nette, la respiration haletante. - Vous allez me dire ce qui se passe oui ou non ? poursuivit-elle. D’abord ce magasin glauque, ensuite une virée nocturne dans un cimetière, qu’est ce que vous manigancez ? Personnellement, j’ai pas trop envie de taper une belotte avec des macchabées. Zach la retînt par le bras et balaya l’horizon du regard. Ils n’avaient plus une minute à perdre, le ciel était présent menaçant. - Ecoute, si aller gentiment frapper chez les gens pour cueillir des friandises te branche toujours, on te retient pas, mais sache que tu vas rater la soirée de ta vie. Toi qui cours toujours après les pratiques décalées, cette petite expédition vaut bien trois caramels, non ? La fête des morts n’est-ce-pas ? Enfin bon, c’est dommage, tu aurais peut être eu quelque chose de sensass pour ta chronique au lycée… - Peut être, mais cet endroit me file la chaire de poule. Je rentre. Carly fit quelques pas en arrière, repoussa l’eau qui ruisselait le long de ses mèches brunes, puis scruta les croix se dressant parmi les herbes, partagée entre la peur et la curiosité. Finalement, comme Zach l’avais prévu, elle se résigna et, semblant agacée de ne pas avoir sût résister, emboita le pas des deux garçons déjà presque invisibles dans l’obscurité. - OK, on cherche quoi au juste ? demanda-t-elle d’une voix angoissée, à demie étouffée par le vent. Une tombe ? - Un mausolée, répliqua Peter. Mais pas n’importe lequel, celui d’une certaine Liz Indegow. C’est un des plus vieux, mais aussi l’un des plus gros, on ne devrait pas avoir de mal à le trouver. La pluie redoubla de violence. A présent quelques caveaux étaient visibles, dissimulés sous les arbres à l’extrémité du cimetière. Les trois adolescents, coururent en direction des ruines du mur qui bordait les monuments, enjambant stèles et autres restes de sépultures. Les pierres tombales lessivées par les intempéries défilaient sous leurs yeux lorsqu’ils arrivèrent enfin à hauteur des mausolées. Zach scruta les édifices à la recherche de celui de Liz Indegow, essuyant l’eau qui coulait sur son visage. Les allées étroites, déjà noyées sous les herbes, commençaient à devenir boueuses et les branches gorgées d’eau s’agitant devant lui l’empêchait d’ouvrir les yeux. A son grand dépit, il ne pouvait plus continuer à marcher à l’aveuglette et il allait devoir s’abriter un moment. Il s’approchait de Peter déjà protégé par une corniche lorsque qu’une voix essoufflée résonna parmi les pierres. - Le voilà votre tas de caillou, mais on va avoir un problème. Les garçons accoururent aussitôt. Abritée sous l’entrée d’un caveau qui de dressait sous un vieux hêtre poussant de l’autre coté du mur, Carly regardait avec satisfaction la grille cadenassée. L’édifice, en granit, s’élevait sur un faux plat dépourvu d’herbe à l’aplomb de la forêt et semblait avoir tout le mal du monde à subsister, à demi démoli, envahi par le lierre. La grille massive, en fer travaillé complètement rongée par la rouille, obstruait l’entrée. Elle était surmontée d’une grosse serrure entourée d’une chaîne elle même bouclée par un cadenas luisant. Parmi les pierres encore debout, Zach remarqua qu’une gargouille surplombait la grille, enfouie dans la végétation, nettement moins visible que cette étrange plaque gravée sur la gauche, et au sommet du toit d’ardoises noires, les restes d’un socle brisé. Carly perçut d’un coup d’œil la croix fracassée sur le pas de la grille. De part et d’autre de celle-ci, de fines ouvertures à l’origine ornées de vitraux étaient condamnées par du grillage. Zach ne sentait plus l’extrémité de ses doigts. Avant que tous ses membres soient totalement engourdis par le froid, lui et Peter se regardèrent, échangeant un sourire approbateur puis tout trois montèrent la volée de marche, enjambant la croix et les débris de verre. Ils s’attardèrent sur la pierre comportant les gravures. Les écritures étaient altérées par le temps mais les lettres restaient tout de même lisibles.
Liz Ann Indegow 1811 – 1878 Ici repose la divine, adulée du démon Qu’a jamais ce tombeau, la retienne au fin fond
- Sympa la brochure du comité d’accueil, s’étonna Zach, l’intonation faussement amusante masquant une profonde inquiétude. Mais je crois qu’ils sont fermés le dimanche. Il posa ses mains sur l’inscription puis jeta un regard entre les barreaux. Les murs lézardés étaient à peine visibles et le sol irrégulier, jonché de gravats n’était guère plus accueillant. - En tout cas Charlie avait raison, c’est sinistre ici. Il m’avait bien dit que la demoiselle n’avait pas eu une existence très glorieuse. Peter examinait l’encadrement de l’ouverture, et remarqua la présence d’anciens gonds en fer forgé qui témoignaient d’une seconde fermeture. - On ne va quand même pas rentrer là dedans ? répliqua Carly consternée. Mais les garçons l’ignoraient, résolus à l’entraîner avec eux. - On devrait pouvoir passer par là, ajouta Peter, ne laissant pas le temps à Carly d’ajouter quoi que ce soit. La pierre s’effrite comme du sable. Il montrait du doigt les restes du vitrail de gauche, d’un air satisfait. Le jeune homme arracha facilement le grillage, cassa les débris de verre récalcitrants d’un coup de coude puis se glissa le premier dans le mausolée. Il sortit trois lampes de poche de son sac, et s’empressa d’allumer la sienne de ses mains tremblantes. C’est alors qu’il remarqua avec étonnement que la pièce n’était guère plus profonde que trois mètres. - C’est bon vous pouvez passer. Faites attention où vous mettez les pieds, il y a des débris en dessous. Carly se glissa dans l’ouverture, considérant qu’elle n’avait plus rien à y perdre, puis se fut au tour de Zach. La pièce, balayée par les faisceaux lumineux, était maintenant bien visible, austère, angoissante. Les murs nus délabrés et le sol froid rendait le lieu encore plus oppressant. Au centre de la pièce, une tombe étonnement intacte attira tout de suite l’attention de Zach, Carly et Peter. Aucune inscription ni sculpture, le bloc de pierre semblait avoir été coulé dans le sol. Carly profita de l’intérêt que suscitait la dalle de granit pour jeter un œil dans le sac. - Alors c’est ça que vous prépariez ? grogna-elle. Mais vous êtes complètement fou ? Vous ne vous souvenez pas de ce qu’a dit la vieille folle du magasin ? - Tu viens de le dire, toutes ses mixtures débiles l’ont rendue folle. Passes moi le sac, s’il te plaît. Zach en sortit un caméscope, un vieux grimoire, sept bougies, un bocal de cendre et un sachet d’une étrange poudre rouge puis le jeta de l’autre coté de la pièce, pendant que Peter s’affairait à dégager le sol en écartant les gravats d’un geste du pied. - Et puis ne nous dis pas que tu n’en n’avais aucune idée ! Tu nous as suivi dans ce magasin, tu étais avec nous ce soir, et tu es venue jusque dans ce caveau. Il posa tout le matériel sur le tombeau, convaincu que sa sœur se laisserait persuader. Il le fallait de toute façon puisque le grimoire stipulait bien deux sujets de sexe opposé. Il est vrai qu’elle se doutait un peu de leurs ambitions. Mais elle ne les pensait pas capables de tels agissements. Cependant, l’idée d’une petite messe nocturne ou d’une visite aux esprits lui sembla tout à coup un brin excitante, bien que quelque peut hasardeuse. Et puis d’ailleurs, elle n’était pas vraiment sûre d’y croire. Se laissant finalement convaincre et ne voulant pas avoir l’air de céder trop facilement, elle afficha une mine maussade et désintéressée qu’elle savait résolument peut convaincante, puis fit glisser le vieil ouvrage sur la dalle de pierre jusqu'à sa hauteur. Elle feuilleta machinalement le livre sans vraiment prêter attention au contenu puis se tourna vers les garçons. - Alors quel est le programme ? dit-elle avec amertume. Réincarnation ? Libération d’esprit ? Invocation démoniaque ? Elle observa leurs réactions au fur et à mesure de son énumération mais ne descella pas chez eux la moindre hésitation. Peter bloquant sa lampe dans un coin pour éclairer la pièce, semblait même totalement impassible. - A vrai dire, on se doutait un peu que tu serais partante, renchéri-t-il sur le ton du défit, alors on avait songé à l’incantation page cent quatre-vingt douze. Zach adressa un sourire victorieux à Peter et commença à placer les bougies comme sur le schéma du grimoire, dont il avait soigneusement mémorisé les emplacements. Carly, quant à elle, se contenta d’acquiescer d’un signe de tête, en parcourant la page avec sa torche. Elle s’attarda sur le schéma et fut alors prise d’une soudaine frayeur. La scène paraissait maculée de sang. Elle comprit rapidement en voyant Peter répandre joyeusement la poudre rouge dans toute la tombe comme s’il s’agissait de sucre glace sur gâteau. - Bon, on va devoir se dépêcher, il est bientôt minuit, et on doit encore ouvrir la tombe, fit remarquer Zach. - Ouvrir la tombe ? s’étonna Carly. Mais la dalle pèse au moins trois cents kilos ! - Très juste, admit son frère. C’est pour qu’on va s’y mettre à trois. Il chercha le sac du regard, s’en saisi, et en sorti un pied de biche, d’un geste théâtral. - Vous allez tous les deux pousser vers la gauche pendant que je ferais basculer la pierre, reprit-il. Faites attention, ça risque de glisser d’un coup. Et ils s’exécutèrent. Mais à leur grande stupéfaction, la pierre ne bougea pas d’un millimètre. Ils recommencèrent, encore plus fort, puis à deux sur le levier, mais rien n’y fit, la plaque de granit restait littéralement soudée au soubassement. Passablement irrité, Zach se pencha pour examiner la pierre, sa lampe de poche à la main. Pas une trace, pas une rayure là ou la barre de métal força l’assise de la dalle. Encore plus abasourdi, il s’accroupit et à sa plus grande surprise, de minuscules petites charnières en métal brillant étaient incruster dans le granit. - Venez voir ça ! s’exclama-t-il en se tournant vers Carly et Peter qui s’acharnaient toujours avec le pied de biche. La tombe est scellée ! Ils se penchèrent à ses côtés, forcés de constater qu’ils ne fractureraient pas le couvercle, et observèrent à leur tour.
Dernière édition par le Lun 23 Juil - 15:39, édité 2 fois |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Roman de Kstor : 3011 Lun 23 Juil - 0:09 | |
| - Citation :
- Cette Liz Indegow à dû faire des choses vraiment horribles pour se retrouver enfermée là dedans, ajouta Carly un peu désabusée. - Oui, assura Peter. Et même encore aujourd’hui elle nous gâche notre soirée. Il est minuit sept, déclara-t-il contrarié en regardant sa montre. C’est fichu pour l’incantation. - Ce n’est pas une tombe, dit soudain froidement Zach. - Comment ça ? demanda Carly qui leva la tête pour observer la pièce. Je ne vois pas ce qu’il te faut de plus. On est dans un cimetière, dans un caveau de plus d’un siècle, et l’atmosphère est morbide à souhait. - Du moins, ce n’en est plus une, corrigea-t-il lui-même en effleurant méthodiquement le soubassement avec ses mains. - C’est vrai qu’une tombe avec des charnières comme une simple porte me paraît un peu déplacée, s’étonna Peter. A croire qu’on l’ouvre et la ferme tous les jours ! - A mon avis, c’est à peu près ça, répliqua Zach. Regardez, le reste du tombeau est en granit abimé, même le sol est défoncé, et là, au milieu, la pierre est intacte et incassable. - Tu veux dire qu’on à changé la pierre et supprimé la tombe pour mettre une vulgaire porte ? lui répondit-il. - Exactement, reprit Zach. Et une porte bien gardée. Je ne sais pas en quel métal elles sont, mais les charnières ne sont pas plus grosses que celle d’une boite aux lettres et sont pourtant incassables. Il y a aussi le cadenas sur la grille de l’entrée qui est flambant neuf. - Mais qui pourrait bien garder une porte secrète au fond d’un cimetière abandonné ? C’est insensé ! fit remarquer Carly. - Oui, plutôt, répondit le jeune homme, un sourire goguenard accroché à la figure, et c’est pour ça qu’on va l’ouvrir. Reste à savoir comment. Les trois adolescents cherchèrent un moyen d’ouvrir ce passage en vain. Abandonnant très vite l’idée de le forcer, ils passèrent de longues minutes à chercher un quelconque interrupteur ou une serrure, à l’intérieur puis sur la façade du mausolée, mais rien. Chaque centimètre carré de pierre était tout ce qu’il y avait de plus normal, usé, ternit et couvert de salissure. A croire qu’il s’agissait d’une porte qui ne s’ouvrait pas, ou du moins pas de l’extérieur. - Il est bientôt deux heures du matin, Zach, prévint sa sœur, tu ne crois pas qu’il serait temps de rentrer ? Il faut se rendre à l’évidence, ce n’est qu’une simple tombe voilà tout. - Les gens n’enterrent pas leurs morts dans le but de les récupérer quinze jours plus tard, coupa-t-il dubitativement. Et généralement, on ne rénove pas une tombe. Soit c’est un passage, soit elle contient autre chose qu’une dépouille. Zach semblait perplexe, son visage habituellement jovial creusé par une expression de doute et ses cheveux bruns en bataille luisant sous le rayon lumineux de la torche de Carly. Le regard vissé derrière ses lunettes rectangulaires, il observait les minuscules petites charnières brillantes. Pourquoi une porte ? Pourquoi ici ? Toutes ses questions n’avaient plus aucune importance pour Peter, déjà plongé dans un profond sommeil. Voilà une bonne demi-heure que le jeune homme c’était recroquevillé dans un coin, la tête appuyée contre le sac à dos. Carly, lassée par tant d’acharnement, explorait passivement le grimoire, entortillant machinalement une mèche de ses cheveux bruns autour de son doigt. Elle sourirait bêtement, lisant le chapitre sur la divination, apparemment trop excentrique à son goût. - Nan mais tu te rends compte, ils prétendent que l’on peut prédire l’avenir en interprétant les dessins que laissent les restes d’aliments dans nos assiettes ! Et ça marche aussi dans les gamelles des chiens. On ne sait vraiment plus quoi inventer… Zach ne l’écoutait même pas, trop occupé à essayer de trouver des réponses à ses questions. Le simple fait de voir cette dalle lui résister le poussait encore plus à découvrir se qu’elle cachait. Peut être que ça n’en valait pas le coup, peut être que s’ils avaient pu l’ouvrir tout à l’heure, il serait déjà bien au chaud dans son lit. Tout ça n’avait plus d’importance maintenant, de même que cette incantation idiote. Le fond de l’air était à présent glacial, des rafales de vents s’engouffraient dans le caveau, faisant voltiger les feuilles de lierre mortes dans un nuage de poudre rouge. Il pleuvait toujours à torrent dehors, si bien que la toiture plus que centenaire avait bien du mal à garder le tombeau au sec. Quelques gouttes traversaient ci et là, s’écrasant sur le sol pavé en formant de petites flaques dont la surface était ondulée par les courants d’air. Peter frissonnant ronflait à présent bruyamment, à moitié effondré dans les tiges de lierre qui grimpaient le long du mur. - Il y a peut être un sort pour forcer les portes verrouillées ? ajouta-t-elle d’un ton ironique. Laisse-moi voir… Et elle replongea le nez dans le vieux livre, faisant défiler les pages, le regard désintéressé. - Oh et puis tu as peut-être raison, coupa Zach, de toute évidence, on n’en apprendra pas plus en restant planté ici, poursuivit-il contrarié. - Ca, on en apprendra pas plus, c’est certain, mais vu le temps qu’il fait dehors, on ferait peut être mieux de passer la nuit ici. J’ai pas trop envie de marcher un quart d’heure à moitié endormie sous une pluie torrentielle. Nous qui voulions un Halloween qui sortait de l’ordinaire… Zach jeta un œil par-dessus son épaule, en direction de Peter, la bouche ouverte, à moitié enfouit dans les feuilles, puis hocha la tête en signe d’approbation. - On rentrera demain à la première heure avant que tante Edna n’ait remarquée notre absence, poursuivit-elle. Elle regarda sa montre, grimaçant à la vue des aiguilles en pensant qu’il allait falloir se lever dans maintenant moins de trois heures, pour traverser un cimetière, et qui plus est, peut être sous la pluie. Zach tourna longuement dans la pièce, l’esprit embué de pensées qui lui semblaient toutes plus exploitables les unes que les autres. Une vulgaire porte, une vulgaire porte… se répétait-il sans cesse. Il se savait très curieux mais fut tout de même surpris par l’enthousiasme anormal dont il faisait preuve. Pour Carly, le sommeil avait prit le pas sur la curiosité. Dans un coin de la pièce épargné par les fuites, elle arrachait le lierre du mûr, laissant les pierres de granit infiltrées d’eau à nue. Elle en tapissa le sol pour en gommer les irrégularités puis s’effondra, étourdie de sommeil, sur le tas de feuille piètrement accueillant qu’elle venait d’amasser, en songeant au lit tiède et désespérément vide sur lequel pourrait bien tomber sa tante s’il lui prenait l’envie de se lever au beau milieu de la nuit. Zach dont les paupières semblaient à présent également bien lourdes, s’appuya dos au mur, puis se laissa glisser jusqu’au sol, les yeux fermés, se libérant peu à peu des brumes qui lui nouaient l’esprit. Une vision floue d’une pierre tombale, les images décolorées d’une dalle s’ouvrant à ses yeux sur une ouverture dans l’obscurité, puis plus rien. Un vide total. En l’espace de quelques secondes, le silence reprit possession des lieux. Seules les rafales de vent qui tournoyaient, agitant la grille dans un claquement métallique, et les trombes d’eau incessantes troublaient l’habituelle quiétude du cimetière.
La pluie s’était à présent nettement calmée, et les premières lueurs du jour filtrées par l’épaisse couche de nuage atteignirent le fond du caveau humide. L’ombre imposante de la grille s’étirait sur le sol pierreux à présent couvert d’une eau rougeâtre. Soudain, un léger grincement métallique, un frottement poussiéreux, quelques bruits étouffés sur le sol, un glissement, et le grimoire s’abattit en un vacarme incongru dans la pellicule d’eau. Aucune réaction de la part de Carly et les garçons, du moins aucune réaction prompte. Après quelques instants, Zach ouvra les yeux sans vraiment connaître la cause de son réveil. Il se redressa, posant les mains dans l’eau, en constatant que son jean en était imbibé. Il lui fallut quelques instants pour reprendre ses esprits et pour se resituer. La soirée entre amis, les projets nocturnes, le cimetière, le mausolée, la tombe. Ce mot résonna dans sa tête tel un écho. Il cligna des yeux, balayant la pièce d’un regard encore flou. Peter dormait toujours, écroulé dans un coin, et Carly était recroquevillée sur son lit de feuille. Il prit sa tête dans ses mains, près à se rendormir lorsque soudain, il prit conscience de se qu’il venait de voir. Comment à t’il pu passer au travers… elle est ouverte. Il se frotta les yeux, leva la tête, son cœur s’emballant dans sa poitrine, et pris le temps de bien observer la scène. La porte était belle et bien ouverte, le grimoire gisant sur le sol, fraichement imprégné d’eau, au milieu des bougies. Zach comprit tout de suite. Ce bruit dans son rêve, son réveil, mais bien sûr Carly l’avait laissé avec les bougies sur la dalle, elle était ouverte depuis quinze secondes, tout au plus. Personne n’en est sorti, pensa t-il, et personne n’en est rentré, la grille de l’entrée toujours fermement verrouillée et la chaîne enroulée autour d’un barreau comme la veille. Mais alors pourquoi s’est-elle ouverte ? Carly, émergea doucement, le visage caressé par une brise matinale légèrement tiède. - Carly, Carly ! murmura le jeune homme. Mais sa sœur, l’esprit encore cotonneux, se contenta pour tout réaction de bailler bruyamment en observant le ciel à travers la grille, d’un regard bleu vif profond. Zach resta quelques instants là, assis dans l’eau, à observer l’ouverture. La partie inférieure de la dalle, maintenant inclinée à quatre-vingt dix degrés, laissait entrevoir un boîtier métallique à demi fondu dans la pierre, ainsi que deux barres transversales lumineuses, en verre sablé d’une lueur bleutée. Le dispositif était légèrement décalé par rapport à deux autres boîtiers plus petits, l’ensemble formant se qui semblait être un mécanisme de verrouillage. Cela devait faire maintenant quarante secondes, et toujours aucune manifestation. Aucun bruit, aucun mouvement. - Carly, Carly ! insista Zach. Il essuyait ses lunettes embuées, lorsqu’une idée lui traversa soudain l’esprit. En l’espace d’un éclair, le corps tiraillé de douleur après sa nuit à même le sol, il bondit sur sa sœur, qui se leva difficilement bousculée par tant de précipitation. - Elle est ouverte ! Vas-y, on te rejoint, s’exclama-t-il. Vas-y ! Il courra en direction de Peter, toujours endormi dans un coin, la respiration saccadée, puis l’empoigna avant de le secouer comme un prunier. Mais le jeune homme fut trop long à reprendre ses esprits. Voyant que Carly n’avait toujours pas franchi le soubassement, Zach retourna sur ses pas, en l’appelant désespérément. Il poussa avec force sa sœur par dessus le muret de pierre puis s’engouffra à sa suite dans l’ouverture. Faisant aussitôt volte-face, l’adolescent aperçut d’un seul œil Peter qui se levait précipitamment, venant à l’évidence de réaliser la situation. Il voulut lui tendre la main mais en une fraction de seconde, la pierre se rabattit sur le soubassement en un vacarme incommensurable, manquant au passage d’assommer Zach.
Le nuage de poussière se dissipa, tel des volutes de fumé, éclaircissant ainsi l’air baigné d’une surprenante et douce chaleur. Les deux adolescents reprirent leurs esprits, ayant été contraint de se jeter en arrière pour ne pas se faire écraser. Zach se releva rapidement et se rua vers la porte. Il s’agenouilla sous la pierre, le souffle court, et tambourina inutilement et en s’égosillant de toutes ses forces, accompagné de se sœur. - Peter, Peter ! Mais elle était de nouveau fermement scellée, les deux barres de verre solidement enfoncées dans les orifices sculptés à cet effet dans la pierre du mur. - Tu nous entends ? Peter… PETER ! A leur grand dépit, ils n’eurent pour seule réponse, qu’un écho froid et métallique qui s’éleva du couloir immergé d’une lumière bleue tamisée auquel ils tournaient le dos, et auquel ils n’avaient pour l’instant pas prêté la moindre attention. Il est clair qu’ils n’avaient aucune idée de ce qui les attendait. Mais toutes les suppositions qu’ils pouvaient faire, si extraordinaires soient-elles, toutes les explications qu’ils pouvaient imaginer, tous les aventures auxquelles ils pouvaient s’attendre, seraient à des années lumières de ce qu’ils allaient vivre. Pour le moment, tout cela leur était bien égal, ils demeuraient là, à fixer la dalle, le regard désespérément vide. Ils étaient seuls, six pieds sous terre, enfermés dans leur insouciance, comme déjà inconsciemment étouffés par l’oppressante atmosphère qui les attendait. |
| | | Moon Reine du Forum
Nombre de messages : 89 Date d'inscription : 17/07/2007
| Sujet: Re: Roman de Kstor : 3011 Lun 23 Juil - 10:17 | |
| - Citation :
- Perché à trois mètres du sol
Perchée - Citation :
- et se fut bientôt tout Bridgewood qui s’abandonna à la nuit
Ce fut. - Citation :
- comme Zach l’avais prévu, elle se résigna et, comme agacée
Répétition gênante, le deuxième "comme" alourdit la phrase.Mis à part ces détails et peut être d'autres qui m'auraient échappés, ton style d'écriture me plait assez, un vocabulaire varié et pas trop lourd. C’est agréable à lire même si un enchaînement de phrases trop courtes (comme au début, mais en tant qu’entrée en matière ça peut être une bonne manière de faire) donne parfois l’impression que le récit est haché menu… Pour ce qu’on voit du fond, le coup du cimetière et du grand mausolée mystérieux est un gros cliché, mais, comme tous les clichés, c’est accrocheur et arrivé à la fin, on a bien envie de savoir la suite. | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Roman de Kstor : 3011 Lun 23 Juil - 15:33 | |
| OK merci pour les deux fautes, à force de me relire je ne les vois même plus... Le comme, c'est corrigé c'était suite à une modif... Pour ce qui est du cliché, j'y ai pensé mais vu que c'est que "l'élément déclencheur" ben j'y est pas accordé une trop grosse importance. Du moment que c'est accrocheur Merci beaucoup Moon PS: J'ai aussi corrigé les énormes fautes de mon post ! Promis maintenant je fais attention ! |
| | | DDTL Roi du forum
Nombre de messages : 162 Age : 36 Localisation : 49 en force ! Loisirs : Golfer des canetons Date d'inscription : 15/07/2007
| Sujet: Re: Roman de Kstor : 3011 Lun 23 Juil - 17:18 | |
| Bah tu connais mon avis : J'aime bien, ton style est fluide, agréable à lire, riche sans être indigeste. Et le récit est accrocheur (surtout que moi je sais, en gros, la suite ) | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Roman de Kstor : 3011 Lun 23 Juil - 17:41 | |
| Ouais mais ce que tu ne sais pas, c'est tout le meilleur tu n'as que la trame de l'histore et l'idée finale ... HIN HIN |
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| Sujet: Re: Roman de Kstor : 3011 | |
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| | | | Roman de Kstor : 3011 | |
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